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  • Photo du rédacteurA. Piquion

"Tu es la lumière du monde"


« Tu es la lumière que le monde attendait pour se baigner de sa sereine et sublime clarté ». C’est un des sens qu'on se dépêche de donner à ce proverbe, récemment entendu dans une série. (ou un film...). Il fait probablement écho, en autres, à une lecture New Age et simpliste du Nouveau Testament (Matthieu - « vous êtes la lumière du monde »).

Il est moins immédiatement satisfaisant d’entendre l’envers qui le soutient : il n’y a de monde qu’à ta propre lumière. Il n’y a pas « le monde sans toi ». Tu es déjà dans le monde que tu vois. Plus encore, tu es ce monde. Moi est ce monde.

Ton voisin vit dans un autre monde.

Mais pas plus que toi il n’est en mesure de voir le point depuis lequel il voit. C’est un point aveugle, incapable de se voir lui-même. Ce lieu a bien des points communs avec celui du sujet. Ce que le voisin ne veut pas savoir, d’abord par nécessité puis par commodité (ainsi du moi...), c’est que c’est en ce point aveugle (autant que sourd), insaisissable par lui-même, qu’il est le plus lui.


Il y est Un, condition du multiple si et seulement s’il s’y reconnaît, faisant écho à la reconnaissance attendue de certains rites initiatiques. Ce point est aussi celui depuis lequel nous parlons. Il est ce que nous avons de plus semblable, de plus voisin, de plus proche, de plus commun alors même qu’il n’est pas partageable. On y est comme Un, qui ne s'appréhende qu'à ses effets. Pour continuer d’ignorer cette impuissance, qui fonde pourtant notre commUnauté humaine, nous nous convoquons à d’illusoires commUnions au sujet desquelles nous nous sommons de commUniquer.

On pense à Freud dans « Malaise dans la culture » : le refoulement est nécessaire et constitutif de la possibilité humaine. Mais notre société n’en est pas la cause. Elle en est l’effet.

Il n'y a de monde qu'à ta propre lumière. Tu es la lumière du monde.

Merci pour votre intérêt !

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